Le réchauffement climatique en Roussillon
Quels sont les enjeux et les actions à mener ?
Dans la vallée de l’Agly, nous observons différents changements liés au réchauffement climatique. Les saisons sont moins marquées. Nous avons des hivers doux qui offrent à la végétation un démarrage précoce de son cycle.Dans le Roussillon, nous observons un changement des orientations du vent. La tramontane, vent Nord Nord Ouest, permet de sécher les feuilles et les grappes. Cet avantage que nous avions est perturbé par des vents marins chargés d’humidité. Cela a été le cas par exemple en 2020, où nous avions beaucoup d’humidité due à cette influence de la Méditerranée. Pour limiter la pression des maladies, nous adaptons la taille afin de bien répartir et d’aérer la charge et nous effeuillons partiellement.
Au Domaine, j’ai choisi l’enherbement naturel et le développement de couverts végétaux. Cette technique permet de protéger les sols des rayonnements UV et de limiter l’évaporation. Il ne faut pas oublier qu’à Maury, nous avons des sols friables et les pluies fortes les abîment. Ce couvert végétal limite l’érosion lors de ces accidents climatiques.
Nous menons une réflexion globale d’agroforesterie au domaine pour pallier ces effets du réchauffement. Nous replantons les haies et nous plantons même des arbres dans le vignoble pour protéger la vigne des rayons UV et pour maintenir naturellement la fraîcheur. A l’ombre, il peut y avoir un écart de 2 à 3°C en température ressentie! La complantation joue un rôle naturel important à la vigne et cela permet en plus de créer une biodiversité naturelle essentielle aux espèces. Nous plantons par exemple des chênes, des oliviers… nous n’inventons rien, les anciens le faisaient déjà!
La question fréquente liée au réchauffement climatique lorsque l’on est vigneron sur une appellation telle que Maury, est quel est le degré alcoolique des vins? Le cépage Grenache a la particularité d’avoir un potentiel élevé d’alcool et aussi d’avoir un décalage entre la maturité phénolique et technologique. Je profite de ce décalage pour limiter des degrés trop forts en vendangeant en deux temps avec un décalage de 4 à 5 jours. Cela me permet de préserver la fraîcheur du vin tout en ayant la maturité. Nous avons en vinification deux cuves pour chaque vin que nous assemblons avant la mise en fût.
Le plus important est d’atteindre cet équilibre, cette justesse dans l’extraction et cette finesse des tanins pour que la sensation de “chaud” due à l’alcool ne vienne pas prendre le dessus.